22 mai 2010

J'aime bien fabriquer des boites

"
- Jesse, tu semblais plutôt déçu par ton emploi à la laverie. J'ai une question pour toi :
Si tu pouvais faire ce que tu veux, qu'est-ce que tu ferais ?
- Je me ferais plus de fric, beaucoup plus.
- Oublie l'argent. Imagine que tu as tout ce que tu veux.
- Euh... J'en sais rien. Je ferais sûrement un truc.
- Comme quoi ?
- C'est pas important, mais... un truc manuel, sûrement.
- De la construction, comme par exemple... De la menuiserie ou de la maçonnerie ?

- J'avais un cours au lycée, on travaillait le bois. J'ai suivi plein de cours. C'était de la connerie. Mais une fois, j'ai eu un prof qui s'appelait... M. Pike. Je crois qu'il était militaire, avant de devenir vieux. Il était sourd.

Le projet que j'avais pour son cours, c'était de faire une boîte en bois, un peu comme une petite... C'était une boîte, quoi, pour mettre des trucs dedans. Je voulais la finir le plus vite possible. Pour pouvoir sécher les cours le reste du temps. Il pouvait pas me virer tant que... je fabriquais le truc, vous voyez.

J'ai fini la boîte en quelques jours. Elle était trop pourrie, mais elle marchait. On pouvait mettre des trucs dedans.

Et quand je l'ai montrée à M. Pike pour qu'il me note, il l'a regardée et il a dit :
"C'est tout ce dont tu es capable ?"

D'abord, je me suis dit :
"Ben ouais, connard ! Alors, mets-moi un D et ferme-la, que je puisse m'en allumer un avec mes potes."

Je sais pas. C'est peut-être la façon dont il l'a dit. Mais c'était... Il disait pas que c'était nul. Il me demandait simplement : "C'est tout ce que t'as ?" Et je sais pas pourquoi, je me suis dit : "C'est clair, mec, je peux mieux faire."

Alors, j'ai tout recommencé. J'en ai fait une autre et encore une autre. À la fin du semestre, à la boîte nº 5, j'avais fabriqué cette chose. Vous auriez dû la voir. C'était trop énorme. J'avais pris du noyer péruvien et du bois rayé. C'était fixé avec des chevilles, pas des vis. Je l'ai poncée à fond pour qu'elle soit lisse comme le verre. Et j'ai recouvert le bois d'huile de tung pour qu'il soit riche et sombre. Elle sentait bon, en plus. En mettant le nez dedans et en inspirant, c'était... Elle était parfaite.



- Il lui est arrivé quoi, à la boîte ?
- Je l'ai donnée à ma mère.

- C'est bien... Tu sais ce que je vais dire, non ? Il n'est jamais trop tard. Il y a des coopératives qui offrent des cours, des programmes d'accueil pour adultes à l'universi...
- En fait, j'ai pas donné la boîte à ma mère. Je l'ai échangée contre de la beuh.

"
Dans ce dialogue provennant de l'épisode 9 de la saison 3 de "Breaking Bad", Jesse nous parle de ce qu'il à aimé faire dans sa vie. Son expérience est l'archétype de l'artisan. Ce plaisir à fabriquer des choses simples, à les faire bien et pour des personnes qu'on aime.

D'une certaine manière je me sens artisan, bien que je ne le sois pas.

1 commentaire:

  1. Beau passage qui à la fois replonge dans Breaking Bad (gros plaisir) et qui en plus ouvre sur la question qu'on se pose tous forcément : "que veut-on vraiment faire"...

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